La période des Bonus en France est pour bientôt. Ce rituel annuel est très attendu par les banquiers d’affaires et les salariés des salles de marché.Les signaux envoyés par le marché américain permettent souvent d’anticiper les niveaux de bonus qui seront servis en Europe. Cette rémunération variable est un élément important des rémunérations de l’élite de la finance. Il peut représenter jusqu’à 40% de la rémunération annuelle d’un salarié de banque d’investissement. Le contexte macroéconomique de 2023 laisse toutefois présager une baisse des bonus qui seront versés pour l’année 2022 en comparaison avec ceux de l'année précédente.
Touche pas au bonus
Les bonus annoncés sur l’activité de 2022 dans les banques à Wall Street sont en baisse significative. Il faut rappeler que 2021 avait été une année exceptionnelle dans l’histoire de Wall Street. Les grandes banques américaines avaient en effet octroyé 45 milliards de dollars de bonus selon le contrôleur de l’Etat de New York.
Selon une information du Wall Street Journal, Goldman Sachs envisage de baisser ses bonus de 40%. Idem du côté de JP Morgan, Bank of America ou encore Citigroup qui envisagent des coupes de 30%. Cette baisse des bonus s’expliquerait en partie par la diminution du nombre de deals de M&A, d’introductions en bourse ou encore par la réduction des volumes d’émission obligataire. Le secteur bancaire aurait en effet enregistré en 2022 une forte baisse de son volume d’affaires sur toutes les lignes d’activités. Certains rapportent que les « big boss » ne seraient pas d’humeur à écouter les doléances de leurs salariés. Suite à un sondage réalisé aux Etats-Unis par le site Fishbowl auprès de 1000 financiers, 72% des sondés envisageraient de quitter leur entreprise en cas de coupe sur leurs bonus.
Ces mauvaises nouvelles s’accompagnent aussi de prévisions de licenciements. Goldman Sachs envisagerait de tailler dans ses effectifs de plusieurs milliers et Morgan Stanley envisage de se séparer de 2% de son staff. Les perspectives pour 2023 ne seraient pas pour l’instant très optimistes selon Alan Johnson, Managing director chez Johnson Associates, oracle du conseil en rémunération, cité par le Wall Street Journal. Cependant, certains traders sur le marché obligatoire ou des devises devraient échapper aux coupes de leurs bonus selon le Financial Times.
Moins de banquiers millionnaires pour 2023
En France, les bonus sont en général communiqués au 1er trimestre. Ce moment est toujours source de stress pour les financiers. Pour rappel, 2021 était un très bon cru. BNP Paribas avait versé 549,6 millions d’euros de bonus et la Société Générale 197,3 millions au titre de l’activité de 2021. On reste loin des 45 milliards octroyés par les banques américaines la même année. Les banques avaient enregistré une forte hausse du nombre de leurs salariés avec plus d’un million de revenus annuels : 111 à la Société Générale et 292 chez BNP Paribas. Ce chiffre avait plus que doublé pour la Société Générale qui comptait 44 millionnaires en 2020.
Les prévisions pour 2022 sont à la baisse en Europe. Le Directeur Générale de JP Morgan en Europe a donné le ton en janvier en déclarant sur Bloomberg : « Les bonus des banquiers d’affaires vont baisser ». Selon Le Figaro, les bonus sont en diminution de 20% en moyenne en Europe chez City et de 30% chez Morgan Stanley. Il faut encore un peu patienter pour savoir ce qu’ont prévu de verser les banques françaises. Ces baisses ne sont pas une suprise au regard des plans de licenciement déjà prévus. Pour preuve Goldman Sachs a annoncé en début d’année son plus grand plan de licenciement depuis la crise de 2008 avec plus de 6% de ses effectifs concernés.